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de la terre vers la mer
26 février 2015

B, comme la bouquetière du cours Belzunce

Mardi 28 février 1792, c'est encore l'hiver, froid et ensoleillé, comme les hivers marseillais. Françoise sort de chez elle, son panier n'est rempli que de feuillages et de quelques légumes, la saison n'est pas aux jolies fleurs et encore moins en ces temps troublés, où certains considèrent que de vendre des fleurs est une insulte a l'esprit du peuple, à l'esprit révolutionnaire.

bouquetiere


 Le coeur n'y est plus. Tous ces changements ne sont pas très bons pour le petit commerce de rue. Plus de jolis bouquets pour les dames et les demoiselles, disparue la galanterie des beaux messieurs du Cours.

Il n'y a que grossièretés, violences et ces femmes qui courrent dans les rues insultant les passants, le couteau à la ceinture, le sabre à la main. Françoise ne comprend pas, tout cela lui fait peur, elle pense qu'on peut se révolter, mais pas en massacrant ceux qui étaient encore hier des voisines, des amies.

Où est l'insouciance de notre belle ville, les promenades sur le port, dans les jardins des Bastides, plus rien, que de la désolation.

Qu'allons-nous devenir ? Cette révolution que va-t-elle changer dans notre vie de tous les jours ? La Liberté qu'ils disent, mais ici à Marseille, nous sommes libres, depuis toujours... Et Toussaint mon époux, il sera toujours marin, ni plus, ni moins. Mon dieu comme tout cela est triste...

Marchant vers le centre de la ville, elle aperçut un attroupement d'hommes et de femmes qui fêtaient bruyamment la victoire sanglante des troupes révolutionnaires contre les gardes-suisses d'Aix. Ces troupes s'étaient comportées comme des brigands, ce dont elle fit la remarque aux badauds les plus proches.

Immédiatement les insultes fusent, comment ose-t-elle critiquer la victoire de nos valeureux patriotes !

Aussitôt surgissent du groupe deux femmes enragées, ivres de fureur, la rage au coeur et les yeux en feu, qui lui reprochaient de traiter de brigands sanguinaires leurs vénérés soldats !

cavale

 

A mort, a mort, pendons la... lui arrachant son panier, elles l'attrapent par son tablier, lui arrachent sa belle coiffe si patiemment brodée, l'une d'elles Thérèse Caval dite " la cavale", toujours le sabre à la main, et menant en maîtresse des farandoles de joie après chaque tuerie, matrônne imposante aux allures d'ogresse, elle lui saisi les cheveux et la traîne vers un arbre aux branches propices au supplice, son amie Elisabeth Taneron dite "la fassy" lui prete main forte, la troupe se renforce, les cris "A mort" de la foule enragée met en alerte les officiers municipaux qui sortent de la Mairie pour tenter de délivrer la pauvre Françoise, ils sont impuissants et la malheureuse bouquetière en sang et les vêtements en lambeaux est saisie violemment, on lui passe une corde au cou, mais la branche casse, elle se sauve, tente de sauver sa vie en allant se réfugier dans les latrines de l'Hotel de ville, peine perdue, les cris, la vue et l'odeur du sang décuplent la folie ambiante, la cavale et quelques acolytes sans aucun scrupule arrivent enfin a se saisir de la pauvre fille et avec une brutalité inouie la pendent a une branche bien solide, en la tirant par les pieds afin de s'assurer qu'elle soit bien morte.On la laissera tout le jour, puis son corps fut jeté sur le pavé.

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Ainsi se termine la vie de Françoise Cayol dite " la Cayole" , victime de la folie populaire et aussi un peu de ...la légèreté de ses propos.

 

Attention des oreilles ennemies vous écoutent , et vous en coûtent.

Après la chute de Robespierre, le 9 Thermidor an II, les deux tortionnaires sont incarcérées a Aix-en-Provence. Le 11 mai 1795 elles y seront affreusement massacrées avec 26 autres détenues par des "sabreurs marseillais" au service des forces royalistes.

La vengeance fut terrible.

Selma Cayol

   

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